Prévenir les risques du télétravail

Publié le 2 Mars 2017

Prévenir les risques du télétravail

“Interrogés sur les facteurs d’efficacité au travail, les Français placent en premier la flexibilité des horaires (85 %), suivie de l’item ‘travailler plus souvent de chez soi‘ (72 %).”

Grandement facilité par l’essor des technologies de l’information et de la communication, le télétravail est aujourd’hui plébiscité par un nombre croissant d’entreprises qui y voient un moyen d’adopter une organisation plus souple, réactive et flexible tout en réduisant ses coûts de fonctionnement, mais aussi par les salariés qui y voient un formidable levier d’autonomie. Interrogés par l’Institut Ipsos sur les facteurs d’efficacité au travail, les Français plaçaient en premier la flexibilité des horaires (85 %), suivie de l’item “travailler plus souvent de chez soi” (72 %). Pour autant, comme le rappelle une nouvelle brochure de l’Association nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), “le télétravail ne s’improvise pas”. En effet, comme le soulignent de leur côté les experts de la Carsat, les télétravailleurs sont exposés à un certain nombre de risques spécifiques qu’il convient de bien identifier, de façon à les intégrer au document unique d’évaluation des risques (DUER) et à lancer des mesures de prévention adaptées. Voici une liste non exhaustive de ces risques spécifiques et des moyens d’y faire face.

➤ L’isolement social et professionnel

Le diagnostic de la Carsat : “Le salarié peut perdre son sentiment d’appartenance et se re­trouver socialement isolé. Il peut se sentir exclu, perdre le lien social qui le lie notamment à ses collègues de travail, c’est-à-dire être membre d’un groupe qu’il soit formel ou informel”.

Les pistes de solutions : Privilégier un télé­travail partiel, limité à quelques jours par se­maine. Prévoir, dans tous les cas, des contacts réguliers avec les collègues et des entretiens en face-à-face avec la hiérarchie, notamment pour faire le point sur les missions en cours et la charge de travail. Bien veiller à ce que le salarié bénéficie des mêmes droits que ses collègues : évaluation, formation, etc.

➤ Le burn-out lié à la gestion du temps

Le diagnostic de la Carsat : “Plongé dans son activité professionnelle, le salarié peut être enclin à empiéter sur sa vie privée pour termi­ner son travail, et réciproquement. Le risque de burn-out existe s’il n’arrive pas à se mettre des limites dans une activité où il se sent particuliè­rement investi. […] D’autant plus que plusieurs études ont montré que les salariés en télétravail allongent leur temps de travail.”

Les pistes de solutions : Communiquer périodiquement sur les attentes en termes d’objectif. Définir avec le salarié les plages horaires durant lesquelles, étant en repos, il ne peut être joint.

➤ Le mal-être généré par un contrôle abusif

Le diagnostic de la Carsat : “En ce qui concerne la surveillance du salarié, l’informa­tique peut contribuer à porter atteinte au domi­cile ainsi qu’au travail des salariés”.

Les pistes de solutions : Le respect des principes énoncés par le décret 81-1142 du 23 décembre 1981 permet de prévenir ce risque. Pour rappel, les contrôles effectués par l’employeur doivent répondre à trois principes clés : le salarié doit en être informé ; le contrôle doit être légitimé par un motif ; et il ne doit pas constituer une violation de la vie privée du salarié.

➤ La violence externe

Le diagnostic de la Carsat : “Le télétravail­leur, s’il est amené à communiquer avec des clients, peut être victime de l’agressivité des clients au quotidien, et doit faire face seul.”

Les pistes de solutions : Identifier, avec le télétravailleur, les sources de cette violence pour l’éliminer. Pourquoi les clients sont-ils agressifs ? Quelle est l’origine du problème ? Ne pas laisser le télétravailleur seul face à ce problème en en faisant un enjeu collectif.

➤ L’absence de pièce dédiée

Le diagnostic de la Carsat : “L’absence d’une pièce dédiée et adaptée pose problème car celle-ci permet à la fois de s’isoler pour se concentrer sur l’activité de travail, mais surtout cela formalise une coupure symbolique entre l’espace domestique et l’espace de travail.”

Les pistes de solutions : Proposer au salarié que les services techniques de l’entreprise l’aident à réaliser une installation et une im­plantation adéquates.

➤ Les matériels inadaptés

Le diagnostic de la Carsat : “De nombreux salariés expriment leur stress lié à l’utilisation de matériel inadapté ou de matériel défaillant comme, par exemple, un casque transmettant une voix inaudible […] De même, la lenteur d’un système informatique interrogé peut géné­rer des temps d’attente très pénalisants pour l’atteinte des objectifs quotidiens.”

Les pistes de solutions : L’employeur doit mettre en place des procédures permettant le signalement et la prise en charge rapide des dysfonctionnements. Une maintenance préventive et une périodicité de renouvelle­ment adaptée doivent être instaurées.

➤ Le rejet de collègues le jugeant “privilégié”

Le diagnostic de la Carsat : “Pour certains, le fait de ne pas ‘voir’ leur collègue sur le lieu de travail peut être perçu comme une absence de travail et alors laisser la porte ouverte aux critiques.”

Les pistes de solutions : Pour éviter que les télétravailleurs soient rejetés par leurs collè­gues, un point peut être fait sur leur absence au sein des locaux en envoyant des signaux clairs sur l’accessibilité des télétravailleurs, leurs critères d’évaluation et la répartition des tâches entre les chacun.

Pour aller plus loin :

l 10 questions sur le télétravail, Anact, janvier 2017, téléchargeable sur www.anact.fr. l Télétravail à domicile. Guide d’aide à l’évaluation des risques et à la recherche de mesures de pré­vention associées, Carsat Nord-Picardie, téléchar­geable sur http://www.carsat-nordpicardie.fr

Rédigé par SYNDICAT CGT LOGISTIQUE CARREFOUR SUPPLY CHAIN

Publié dans #Info Nationale Syndicat CGT CSC

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