Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Carrefour : Alexandre Bompard, un PDG à 14 millions d’euros

Publié le 31 Janvier 2018

Directement liée à l’envolée du cours de Bourse, la rémunération en 2016 du patron de la Fnac et de Darty dépasse celle de 2015, déjà astronomique. Et ce, grâce à un superbonus.

Pour le PDG de Fnac-Darty, c’est à nouveau le jackpot. Après avoir gagné 11,5 millions d’euros en 2015, une somme qui avait déclenché une polémique à l’époque, Alexandre Bompard a fait encore mieux en 2016. D’après le document de référence de la société, épluché par Libération, le chouchou de l’establishment français, 44 ans, a reçu l’an dernier une rémunération totale de 13,9 millions d’euros. Soit une augmentation de 21 % sur un an…

A ce niveau-là, cette rétribution relève moins du salaire de manager que de l’Euro Millions. Elle place le fortuné dirigeant parmi les patrons les mieux payés de France, bien au-dessus de la moyenne de ceux du CAC 40, qui se situe autour de 5 millions d’euros.

La rémunération d’Alexandre Bompard semble d’autant plus importante que Fnac-Darty, né du rapprochement des deux enseignes, ne figure pas à l’indice des quarante plus grosses entreprises hexagonales. Ni même au SBF 80, qui rassemble les 80 suivantes… Avec 1,7 milliard d’euros de valorisation boursière et 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le groupe n’est pas un poids lourd du capitalisme français, bien qu’il emploie 13 000 salariés.

Surtout, les émoluments du PDG du distributeur paraissent disproportionnés par rapport au bénéfice net réalisé par le groupe : 74 millions d’euros en 2016. «Nous estimons que cette rémunération est trop élevée», constate Loïc Dessaint, directeur général de Proxinvest. Cette société de conseil aux actionnaires appellera ces derniers à voter contre le déblocage de cette somme lors de l’assemblée générale de Fnac-Darty le 24 mai. Lors de l’assemblée générale de 2016, ils avaient approuvé la rémunération précédente à 92 %.

Cash. Ces 13,9 millions d’euros se décomposent en trois parties principales. La première est un salaire fixe de 900 000 euros qui n’a pas varié en 2016. «C’est déjà beaucoup pour un patron hors CAC 40», relève Loïc Dessaint. S’y ajoute un salaire variable annuel, indexé sur des performances financières, pouvant aller jusqu’à 105 % du fixe. Il s’est précisément élevé l’an dernier à 931 500 euros.

Outre des jetons de présence et des avantages en nature, l’ex-inspecteur des finances bénéficie enfin d’une «rémunération variable pluriannuelle», mélange d’actions gratuites (dont l’imposition a été allégée par la loi Macron de 2015, puis renforcée par le Parlement) et d’options de performance (versées en cash). Soumise à l’accomplissement d’objectifs chiffrés, elle a presque atteint l’an dernier le montant faramineux de 12 millions d’euros.

Ce «superbonus» est la conséquence de plans de rémunération très généreux arrêtés par le conseil d’administration de l’entreprise en 2013 et 2014, octroyant sous conditions à l’ancien président d’Europe 1 plus de 250 000 équivalents d’actions et plus de 350 000 équivalents d’options. Or, depuis l’introduction en Bourse de la Fnac il y a près de quatre ans, le titre de l’entreprise n’a cessé de grimper. Il est passé de 20 à 65 euros aujourd’hui environ, faisant exploser la valeur des paquets distribués à Bompard.

Cette hausse du cours est l’effet direct de son boulot à la tête de l’entreprise, qu’il a prise en 2010 en situation de grande difficulté. Le dirigeant l’a diversifiée commercialement (pub en ligne, streaming musical, électroménager…), a élargi son périmètre avec l’acquisition de Darty (pour 1,1 milliard d’euros) et a augmenté sa rentabilité, qui a plus que triplé en cinq ans. Pas seulement grâce à ses talents de manager, mais aussi par la manière forte : un plan d’économies de 80 millions d’euros a été engagé en 2012, passant par 500 suppressions de postes et une «politique de modération salariale». Elle n’a visiblement pas concerné tout le monde.

Réinvestir. «En 2013 et 2014, personne n’imaginait que l’entreprise connaîtrait un tel retournement, avec une augmentation du cours de Bourse supérieure à 300 %, explique le groupe Fnac-Darty. Ces plans arrivent bientôt à échéance et le schéma d’intéressement a été réaligné en 2015.» Cette année, les derniers millions d’euros engendrés par ces plans tomberont effectivement dans la poche du PDG. Il est aussi vrai que les distributions d’actions en faveur de Bompard ont été sérieusement revues à la baisse à partir de 2015, lorsque le montant de sa rémunération a été révélé par la presse.

Par ailleurs, ce proche d’Arnaud Lagardère et de Vincent Bolloré, qui vient d’entrer au conseil d’administration d’Orange et est cité comme un possible successeur de Georges Plassat à Carrefour, a promis de réinvestir la totalité de ce superbonus dans le capital de la boîte et de conserver les actions au moins deux ans. Alexandre Bompard, qui détient actuellement 0,6 % de Fnac-Darty, n’a donc pas pu utiliser les 25 millions de «rémunération variable pluriannuelle» perçus en 2015 et 2016 pour s’offrir un yacht. Ce patrimoine mobilier peut néanmoins fructifier si le cours de Bourse continue de grimper.

En attendant de revendre éventuellement ces titres, l’ancien directeur des sports de Canal + va quand même voir son salaire augmenter cette année. Le 28 février, le conseil d’administration de Fnac-Darty a validé une hausse de son variable annuel : il pourra désormais monter jusqu’à 120 % du fixe, et non plus 105 %. Un changement justifié par les nouvelles responsabilités liées à l’absorption de Darty. Il représente un gain potentiel de 135 000 euros. C’est toujours bon à prendre.

Rédigé par SYNDICAT CGT LOGISTIQUE CARREFOUR SUPPLY CHAIN

Publié dans #CGT carrefour contre le plan bompard

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article